Ironman XXL Alpsman

Compte Rendu de Greg:

Salut à tous,


premier Ironman (IM) pour moi, donc désolé je vais faire court sur la course mais un IM c'est surtout avant que ça se passe...


Tout commence en 2013 (oui je vous avais prévenu ) à mon arrivée au club, après 17 années de rugby me voilà lancé dans une toute nouvelle aventure. Excellente ambiance au club. Environ 15 salamandres préparent l'IM de Nice 2014. Je reste admiratif. Les années passent, je suis actif et assidus aux entraînements toute l'année, ça me plaît et je m'essaye sur XS-S-M-L. Puis en 2017 Chicot se lance sur le XL de l'Alpe d'Huez pour préparer Embrun l'année suivante, alors je me lance avec lui. Ce sera ma plus longue course, avec des idées lointaines d'IM.... un jour... peut-être ! Fin 2017 des soucis de hanches m'handicapent, avec un retour à la cap en 6x1' ! C'est la mémerde, personne ne sais quoi faire, je vadrouille de doc en kiné en chir puis finalement ils décident de me foutre du ciment dans un kyste en juillet 2019. L'année où le p'tit Nico se lance sur l'Alpsman... Je découvre cette course atypique qui me plaît pour un premier IM. Sûrement dure mais sûrement beau et tellement différent ! Fin 2019 Vincent lance les appels, ils sont déjà 2 inscrits avec le prez, encore et toujours. Je me tâte avec ma hanche...

Bim, le 21 novembre 2019 (jour d'anniversaire de mon beauf... en en reparle plus tard de celui-là) je m'inscris dans cette folle aventure. C'est parti pour du foncier... Le père Noël m'apporte un bouquin du genre "de 0 à 226 km pour terminer son 1er Ironman". Depuis 2014 j'avais beaucoup discuté d'IM avec des salamandres ayant déjà fait de type de course, un peu comme si un jour... Mais très vite je demande beaucoup de conseil à qui ? Au Boss, un de mes peu nombreux compagnons de vélo d'hiver avec La Machine et Ronan particulièrement. Le Boss me donne plein de conseils et me fait même une architecture de programme vélo dans lequel je défini mes séances. Je suis motivé à bloc puis.... bim, une certaine pandémie s'invite dans notre vie. Mars 2020 l'IM est annulé, là gros coup dur dans la tête. L'entraînement était déjà bien avancé pour la course au 6 juin 2020... Du coup plus trop d'objectif sur cette année alors je remplace ce rêve par un autre rêve: monter au Glacier de l'Etendard en ski de rando, devinez quel jour: le 5 Juin 2020 ! Je me lance en parallèle dans de gros travaux de renov dans notre maison secondaire en Montagne. Arrive très vite le moment ou l'orga nous demande de faire un choix pour l'an prochain... je me dis que ça va vite passer alors bim, je rempile. Ça tombe bien, cette année il y a la 1ère édition du Vercorsman XL 2020, tout pareil que l'Alpsman mais en plus court... Décembre re foncier et re dans le programme à fond, avec toutes les incertitudes du covid... et bim re pas possible en juin. On apprend fin mars qu'il est reporté au 25 septembre 2021... Putain, je ne vais jamais y arriver à faire cet IM ! Alors je me lance pendant 2 mois dans de gros travaux de renov à nouveau dans cette même maison. Ça passe le temps... tout en m'entraînant très régulièrement tout de même. Juin 2021 je reprends l'entraînement très sérieusement. Les semaines avancent tout se passe à merveille dans la prépa bien soignée. J'enchaîne sur la saison avec S + M le même jour avec des salamandres sur chaque courses, un L en Ardèche avec les copains et enfin la seconde édition du Vercorsman XL 1 mois avant, avec qui ? Le prez, encore et toujours ! Tous les voyants sont aux verts, le mental du rugbyman est là, les dents commencent à rayer le parquet, les nuits commencent à être de plus en plus courtes, ça trotte dans la tête. Oui vous le savez, je suis un cérébral impatient. J'ai déjà du mal à attendre plus de 3 minutes quand j'envoie un mail ou un sms, alors les 10 jours d'affûtage me paraissent 3 éternités !

Pendant cette période je continue ma vie de patachon et mes collègues me demandent à partir de quel moment j'arrête l'alcool. Alors 2 semaines avant quand même, je me lance dans un sevrage. Cela ne m'était pas arrivé depuis que je suis adulte (peut-être avant mais il ne faut pas le dire à ma mère) ! Je n'aurais jamais autant bu de St Yorre ! Puis quelques séances de kiné pour régler les derniers bobos.


Nous y voilà: après 6700 kms de vélo pour 105 000 m de D+, 800 kms de CAP et environ seulement 80 kms de natation avec toutes les piscines fermées. Environ 400 heures d'entraînement pour 1 seule journée ! ! ! Mais quelle journée ! ! ! Je suis tout de même passé à coté du sur-entraînement (risque en préparant un IM) mais la libido est un bon indicateur ... tout va bien !

Arrivée la veille assez tôt pour récupérer le logement + dossard + toutes les caisses. Avec changement sous tente + ravito perso vélo + ravito perso CAP + départ d'un bateau... c'est de la folie. Pas moins de 5 sacs à préparer à l'avance... un vrai casse-tête ! Mais tout est prêt dans ma tête, les sacs sont prêts depuis.... 5 jours à la maison ! J'avais tellement hâte et la trouille de ne pas finir pour une connerie que je mets ceinture-bretelles-élastique: chaîne neuve, 2 boyaux neufs + 1 neufs sous la selle avec dérive chaîne et maillon rapide + 1 boyau neuf et 1 vieux au ravito perso, pile compteur/capteur neuves, lunette nat neuve, visière casque neuve, cuissard cap neuf. J'ai tout changé à tel point que ma femme avait peur pour elle . Je profite de la fin de journée pour reconnaître le parcours cap avec mon second vélo (prévoyant le gars ), je m’imprègne de l'ambiance, le lac est magnifique sous un soleil estival. Le prez, encore et toujours, me rejoins sereinement fin de journée puis go au logement à 4 km. Soirée détendue, chacun ses petites habitudes. Ça fait du bien de ne pas être seul... ça occupe la tête. Puis 22h... go-to-dodo, même si à 00:15 je ne dormais toujours pas ! (cérébral jusqu'au bout). Depuis plusieurs semaines j'ai décidé de ne pas viser cette cloche pour pleins de raisons: c'est mon premier avec un vélo difficile, donc réduisons les risques d'abandon, je ne sais pas où j'en serai avec ma hanche en cap, je ne veux pas être en mode "course" mais plutôt en mode "ne pas perdre de temps inutilement à faire le touriste" et surtout j'ai envie et besoin de mon cocon familiale sur toute la course.


Tutututu-tutututu-tutututu: 3:15 le réveille sonne déjà ! Gros p'tit dèj italien (des pâtes quoi !). 4h30 dépose des dernières affaires dans les différents sacs. 5h00 embarquement sur le bateau, il fait nuit noir. Nous sommes détendu avec le prez, ça déconne pendant le trajet pour rejoindre la ligne de départ. 6h10 on saute du bateau, l'eau est à 19,4°C, incroyable. Aucune sensation de fraîcheur. Je rejoins la ligne de départ, il fait toujours aussi noir et on ne voit aucune bouée allumée. Ils vont sûrement les allumer dans un moment...


Coup de klaxon du bateau et c'est parti (toujours pas de bouée visible). Je sais que le parcours tourne sur la droite au départ et ensuite grande ligne droite, donc je prends la corde tout de suite pendant que d'autres sont à chaille ! Je vois chaque bouée à 20m de moi (dans le noir on ne les voit pas avant) donc la trajectoire doit être pas trop mauvaise. Je prend un max de plaisir dans l'eau, je nage tranquille comme décidé au départ. Le jour se lève petit à petit, c'est magnifique. Impossible de savoir où j'en suis. Pas de repère, pas de montre. Puis j'aperçois le bateau au quai de départ... ça boost pour en terminer. Nat en 1h08 (je demande au 1er gars à coté de moi). Content, c'est ce que je visais à +/- 2 minutes.


T1... de ministre en 7'. J'aperçois le prez en train de se changer, sorti 2'30 avant moi. Je me change complètement en cycliste et c'est parti pour quelques belles heures de selle.


Je connais très bien le parcours: reco moto en 2020 + reco "club" en 2021 + plan du parcours gravé dans la tête. Je sais où sont les quelques grosses difficultés. Dès le départ je prend mal au bide. Dans le Semnoz, pause technique de 4' au bout de 1h15 de selle (assez liquide) malgré les 3 immodium avalés le matin. Je perds déjà 80 places au final. Ça bascule, je me régale dans la descente, pacman est de retour. 2e Ascension, col de Plainpalais, les douleurs au bide sont toujours là, je serre les fesses comme on dit. Puis j'entends une grosse cloche de vache excitée ! C'est mon beauf, celui de tout à l'heure... gros encouragements avec ma frangine, elle qui ne comprends pas les sportifs et qui ne m'a jamais vu sur un terrain... elle est là, et cela me fait un plaisir immense de les voir tout les 2 ! Après 3-4 heures ça se calme au niveau du bide car le Gaspar ! 3e ascension, le col des Pré. La fin est dure (3 kms à 9-10%) mais je le sais, je gère bien et ça passe crème, avec encore la vache qui me suit, merci merci. On verra dans 2 heures.... Je me régale dans les descentes, miam miam, j'en croque encore. Puis ravito perso, il y a déjà des mecs au bout de leur vie. Arrêt rapide puis 4e ascension, Plainpalais à nouveau. Je remonte du monde... quoi, moi qui double des mecs en montée... ouahou ! Cette fameuse vache est encore là, ça remet de l'eau dans mon moulin.... obligé de m'arrêter pour les embrasser, l'émotion est trop forte. D'habitude on s'embrasse plutôt vers 4h du mat après la 2e bouteille de chartreuse... Descente rapide (on revient à la course, pas à la chartreuse) et déjà la 5e ascension, col des Pré à nouveau. Bon elle est où la vache, car là je vais en avoir besoin.... Ça monte mais ça ne pique pas trop finalement, et encore moins quand je revois la vache. Les derniers kil difficils passent crème, je suis trop content car je redoutais ce second passage. Je remonte du monde et aussi dans la descente suivante où beaucoup cherchent à récupérer. Le retour vers le lac devait être une formalité, mais il reste encore 600m D+ avec notamment une bosse à 20% sur 400m, à cause de travaux et route fermée. Je double 2 personnes en train de pousser le vélo. En haut c'est le dernier ravito, ça fait peur, des mecs allongés sur les tables, au bout de leur vie. Il y a aussi les derniers du parcours L qui étaient sur une portion commune. Arrêt rapide pour moi et je repars. Les jambes sont encore là.... c'est dingue ! J'essaie de ne pas trop envoyer puis arrive la dernière descente, assez sinueuse, je me régale, dernier coucou à la vache à qui j'avais fait le programme de la journée avec carte à l'appui , je prends de l'angle... #quedubonheur#GG, ohohoh, tout doux mec, pas le moment d'aller au tas, il reste un marathon ! Enfin le parc après 8h38 de vélo. Un peu plus que mes évaluations mais j'avais sous estimé les temps de pause à tous les ravito et du temps perdu dans les premières heures avec le bide un peu en vrac.


T2: changement en coureur tout en déconnant avec les bénévoles en 4'.


CAP: l'objectif est très clair. Pas de pression de cloche donc on gère. L'idée est de courir au moins 3 tours sur 5 et après on avise. Les jambes sont là tout de suite. Je redoutais les douleurs à la hanche comme cela m'arrive très souvent en cap mais là rien. Un bisous à mes parents présents au départ cap puis 1er kil à 5'05... tout doux Jolly Jumper. Sur le retour ma femme et mon fils sont là, ils m'accompagnent sur quelques hectomètres. Je leur avais aussi fait leur programme de la journée... Chaque tour se suit et se ressemble, je me surprends. Ma vitesse baisse peu tour après tour, les jambes répondent, pas de crampe, pas de douleur, j'enfile les bornes comme des perles comme dirait le prez. Du coup je ne marche pas de tout le marathon. Comme pour le vélo, je m'arrête à TOUS les ravito avec une idée: mange-bois-coure-et tais-toi ! Je passe à la cloche avec 28 minutes de retard, donc pas de regret du tout. Il faut vraiment être costaud pour y arriver et être en mode course partout pour grappiller des minutes. Le prez y passera avec 30' d'avance, mais on n'est pas dans le même monde . Je termine donc ce marathon de 42,5 km en 4h19, presque 10 km/h, vraiment surpris et trop content de moi. J'ai même repris 15 places sur la CAP... Comme quoi le foncier / volume vélo se transfère très bien sur la cap (pas de sorti de plus de 1h45 à l'entraînement...). Je termine 6e des <lake finisher> juste derrière la 3e femme... A 100m de l'arrivée, mes 4 supporters sont là, mon père et mon fils vêtus du maillot Fontanil passe la ligne avec moi en marchant, un kif de malade. Chez nous c'est tellement important la famille... alors 3 générations pour franchir cette ligne sera peut-être le meilleur souvenir de cette course... 132 ans à nous 3 ! ! ! Mais nous serons que 2 à boire une bière à l'arrivée . Celle-ci n'a même pas touché les parois, direct dans les chaussettes !


Au final, un très long chemin avec presque 2 ans d'Alpsman dans la tête quasi quotidiennement, c'est dur et long (oui il y a d'autre chose du genre...) mais alors aucun regret. Un réel accomplissement d'un objectif que je m'étais fixée. Comme dit mon beauf en parlant de moi <un bourricot ça fait toujours ce que ça veut, donc tu iras au bout> ! Une course avec vraiment que du bonheur, d'une part car j'ai partagé ça avec ma famille proche sur presque toute la journée mais aussi parce que je n'ai jamais été en réelle souffrance. Oui c'était dur, mais pas trop.

Alors un grand merci à Romu et Seb, que j'ai souvent saoulé sur les sorties vélo avec ce plan d'entraînement qui a été idéal pour moi et mon niveau.

Merci aux rouleurs de l'extrême notamment l'hiver (Le Boss, Ronan, La Machine, Remy), aux accompagnateurs de la reco qui était indispensable et bien plus sympa à 8 ou 9.

Merci au p'tit Nico pour m'avoir fait découvrir cette course absolument fantastique et pour tous ses conseils / informations suite à mes sollicitations.

Merci à tous ceux qui m'ont envoyé des messages de soutien / réconfort / encouragement dans la semaine avant, ça fait beaucoup de bien quand on fait un sport individuel et que l'on vient d'un sport collectifs à 50 dans un car tous les dimanches.

Merci à Rémy pour sa compagnie sur l'avant match et son réconfort. L'histoire n'aurait pas été la même tout seul !

Merci à mon vélo de ne pas m'avoir joué des tours ce jour là.

Merci évidemment à ma famille pour supporter mes contraintes de planning.

Merci à mes parents qui me suivent partout depuis toujours, et qui n'ont du louper que quelques matchs à domicile au rugby, et qui sont très souvent autour des parcs à vélo depuis 8 ans.

Merci à ma femme pour s'adapter autant à moi et à ne jamais me mettre de contrainte ni restriction pour les entraînements. Ça en fait rêver plus d'un... Tout cela contribue à mon parfait équilibre parfait de fêtard sportif !


Une page sportive tournée, un autre rêve accompli. Il m'en reste encore plusieurs, pas forcément sportif, mais que je garde encore secret (sinon ma mère ne va pas se faire bien vieille). Une nouvelle vie commence ! ! !


++

Greg


ps: je recommande à tous ceux qui en rêvent et qui ont la capacité temporelle de préparer un IM de se lancer, une première est une expérience incroyable et inoubliable !